Vivre des histoires, c'est ce qui nous rend humains.
Nos vies sont faites d'histoires. Ces histoires, nos histoires, nous guident, et nous égarent. Elles nous font découvrir qui nous sommes, et elles nous remettent en question. Elles racontent la genèse de nos joies et de nos peines, celle de nos peurs... et de notre courage à les surmonter. Elles racontent nos plus cuisants échecs, et nos plus exaltants succès. Et lorsqu'on partage nos histoires, certaines ont une résonance universelle qui nous rapproche de l'Humanité, alors que d'autres ont un langage, une symbolique, un sens tellement intimes et personnels qu'elles nous rendent uniques. Et vous, quelles sont les histoires qui forment votre vie?
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Moi, je pourrais vous conter la fois où j'ai traversé les États-Unis en train, pour me rendre à Vancouver, et commencer mon deuxième stage. Après un départ à Montréal, je suis passé par New York (Times Square, c'est intimidant, seul, la nuit, et avec 2 valises), Buffalo (où j'ai mangé trop d'ailes de poulet épicées), Détroit (sa Michigan Central Station abandonnée rappelle les ruines d'un temple grec), Chicago (j'y ai découvert un café où il y avait une DeLorean et du café à saveur de biscuits au beurre de pinottes! J'avais envie de ne plus partir), Minneapolis (le Mall of America n'est vraiment pas si impressionnant que ça), Portland (où sont les meilleures microbrasseries du continent... après Montréal), avant d'arriver à Vancouver, en 12 jours.
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Ou la fois où j'ai fait Montréal-Albany-Providence-Boston-Manchester-Montréal en voiture, en moins de 24 heures, juste parce que c'est assez proche pour le faire, et que je n'avais jamais mis les pieds à Boston. Au bout du compte, mes pieds y ont marché moins d'une heure, mais j'ai découvert à Manchester un petit pub de jazz, magnifique et chaleureux, et juste un peu trop loin de chez moi, où je rêve de retourner.
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Ou la fois où, au retour du temps des fêtes, j'ai retrouvé mon petit appartement de Vancouver éventré, violé, pillé. On peut remplacer la télé et les jeux vidéos, mais les cambrioleurs sont aussi partis avec une bouteille dans laquelle j'avais amassé des souvenirs. Un morceau de pavé du Vieux-Montréal; un bricolage d'enfant, du temps où j'étais Platon, animateur de camp de jour; une gogosse en plastique, pour mettre ses clés dedans à la plage, gagnée en mangeant trop d'ailes de poulet épicées à Buffalo; un paquet d'allumettes du mariage de mes parents; des coquillages cueillis dans les Maritimes, et qui avaient servi de modèle pour un cours d'arts plastiques au cégep... Tous des objets sans valeur. Sauf pour moi.
Ou la fois où je suis allé faire du bungee pour vaincre ma peur des hauteurs. J'ai découvert que j'avais le vertige à 8 ans, en sortant de la Tower of Terror, à Walt Disney World. Ma mère voulait y retourner immédiatement et moi, absolument pas. À l'âge adulte, je me suis donc rendu à Ottawa avec des amis, pour sauter du bungee le plus haut au pays (61 mètres!). Après une nuit d'insomnie, beaucoup d'angoisse et de sueurs froides, moult encouragements de mes amis et, heureusement, aucune hésitation au moment fatidique, j'ai réussi à sauter. Après, on se sent invincible. La peur se sublime en exaltation.
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Ce ne sont là que quelques unes de mes histoires. Si vous voulez entendre celles sur mes déboires amoureux ou mes angoisses existentielles, il faudra d'abord que vous me partagiez les vôtres autour de quelques bières, ou avec un bon scotch à l'Île Noire, sur Saint-Denis. C'est l'endroit idéal pour les confessions de fin de soirée.